Nous avons été invités par un club proche de Caen pour réaliser un show de shibari. Pour l’occasion, nous nous sommes inspirés de l’ambiance vénitienne, aussi bien pour les costumes que pour la musique d’accompagnement.
En parallèle, ce show, plutôt intimiste, a été l’occasion de relever un défi. Comment mixer les techniques de cordes utilisant un bambou, avec celle consistant à suspendre sur un point unique? Le travail sur bambou génère naturellement des formes définies dans un plan. A contrario, le point central impose des formes pyramidales. Chaque mode impose un positionnement différent et non compatible des cordes. Les pressions qu’elles imposent au corps de la modèle sont très différentes. Et donc, le passage d’une configuration à l’autre est donc potentiellement désagréable pour la modèle et délicate pour l’attacheur. Le réaliser au cours d’un show impose que les transitions soient fluides et parfaitement équilibrées. C’est à ce prix que le modèle dégage un bien-être qui séduit les spectateurs.
Après quelques heures de travail (et quelques moments délicats, il faut bien l’avouer), nous avons trouvé l’enchainement fluide et esthétique que nous recherchions. Des capes, des masques et des cordes. Mais quelles cordes !
A l’arrivée dans le club dans l’après midi, il a fallu préparer la salle : Fixer le bambou de manière à ce qu’il ne bouge pas, s’assurer que le passage pour l’entrée sera bien dégagé, etc… Et surtout répéter pour « poser » le show dans son contexte.
Le soir, le grand moment est arrivé. les spectateurs sont présents et attendent l’ouverture de la soirée par notre show. Soudain, la rondo venizia commence. Nous entrons, masqués, et vétus d’une cape noire, avec une bougie à la main. Tout de suite, le public semble subjugué et l’atmosphère change. Ingrid devient le point focal de leurs regards. Je retire la cape d’Ingrid qui apparait en tenue légère.
Je commence à utiliser les cordes et je la suspend sur le bambou. La première figure est un oiseau.
Puis je passe sur le point central, ce qui me permet de réaliser d’autres formes et des mises en rotation. Tête en bas, bascule…Ce n’est pas moins de 15 transitions qui s’enchainent les unes après les autres.
Après 40 minutes de show endiablé, Je redescend Ingrid au sol. La fin est plus calme et plus sensuelle. Lorsque la dernière corde libère ma modèle, nous sommes quasiment en transe tous les deux. Des applaudissements nombreux et sans fins nous remplissent de joie d’avoir pu autant toucher le public.